
INTERVIEW : LE PR BERNARD HEDON
FAIT LE POINT SUR LA CONTRACEPTION ORALE
EMGO : Un an est déjà passé depuis notre entretien autour de la contraception orale combinée et de la polémique engendrée par les risques potentiels de la prescription de ce moyen de contraception (1). Pourriez-vous nous parler de l’évolution de ce dossier ?
Pr B. Hédon : Les changements que nous pouvons relever sont peut-être une meilleure médicalisation de la prescription des pilules contraceptives. Du côté des médecins, on note une meilleure prise en charge globale des patientes avant chaque choix de prescription avec une recherche plus minutieuse dans les antécédents de la patiente de façon à pouvoir mettre en évidence les contre-indications si elles existent. Enfin, du côté des patientes, il y a une meilleure information et une meilleure sensibilisation sur le fait que la prise d’un contraceptif est un acte sérieux, qu’il s’agit d’un médicament avec des bénéfices certes mais aussi avec des risques.
Ces 2 évolutions sont à garder avec le recul nécessaire comme effet bénéfique. Ceci a été cher payé, puisque la polémique a eu d’autres effets secondaires comme la perte de considération et de confiance de la part des patientes vis-à-vis de leur contraception, des arrêts intempestifs de la contraception avec comme conséquence des grossesses non désirées et donc probablement des interruptions volontaires de grossesse (IVG).
Mais gardons que le côté positif avec une meilleure prescription aujourd’hui. On constate plus de prescription de pilules de 2ème génération faiblement dosées et plus de place pour le stérilet et de moyens alternatifs de contraception. Mais la pilule reste de loin le premier moyen, de loin la prescription la plus logique en première prescription de la vie sexuelle des jeunes femmes. La recommandation de la prescription de contraception de
2ème génération est plus que jamais valide et mise en application.
EMGO : L’ANSM a publié en novembre dernier les résultats d’une étude sur l’impact de la modification récente des méthodes de contraception en France sur la survenue d’accidents cardio-vasculaires (2) ….
Pr B. Hédon : Effectivement, une étude a été largement médiatisée pour démontrer la baisse des accidents cardiovasculaires, mais cette étude a été publiée par les pouvoirs publics. Sur le plan purement méthodologique et scientifique, elle n’est pas d’une rigueur extrême et pas d’une solidité suffisante.
Nous n’avons encore assez de recul et les méthodes utilisées sont très administratives, se basant sur les admissions hospitalières avec tous les aléas que cela comporte.
Ce genre d’études donne peut-être une estimation mais pas une réalité scientifique sure et certaine.
Mais admettons, c’est vrai que le fait de mieux prescrire et de mieux respecter les contre-indications devraient amener une certaine baisse des accidents thromboemboliques. Donc acceptons-en l’augure !
EMGO : Est-ce que les sociétés savantes travaillent sur des nouvelles recommandations pour la prescription des pilules contraceptives ?
Pr B. Hédon : Non, il n’y a pas de nouvelles recommandations. Il y a eu un travail fait sur le moment par le Collège National des Gynécologues-Obstétriciens Français à propos des thromboses qui reste toujours d’actualités, mais là je pense qu’on peut tourner la page.
EMGO : Vous participez cette année au congrès de la Société Royale Marocaine de Gynécologie-obstétrique (SRMGO) pour intervenir sur des sujets complétement différents…
Pr B. Hédon : Ma principale participation est à titre d’amitié entre la Société Royale Marocaine de Gynécologie-Obstétrique et le Collège National des Gynécologues-Obstétriciens Français. Je suis là pour représenter le Collège et témoigner de l’amitié des collègues français auprès des collègues marocains.
On a pris cette habitude que les présidents des sociétés partenaires et amies soient systématiquement invités à tous nos congrès et inversement.
(1) Revue Espérance Médicale – janv/fev 2014
(2) www.ansm.sante.fr/impact de la modification récente des méthodes de contraception en France sur la survenue des embolies pulmonaires chez les femmes de 15 à 49 ans – Publication 07 nov 2014
Interview du Pr Bernard Hédon : Président du Collège national des Gynécologues-obstétriciens Français
16 Espérance Médicale Gynéco-Obstétrique • Mars 2015 • Tome 1 • N° 1
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