ACIDE FOLIQUE PENDANT LA GROSSESSE

6 février 2017 merieme Non classé

UNE SUPPLÉMENTATION A RECOMMANDER*

Le rôle de l’acide folique pour prévenir l’apparition d’anomalies du tube neural est bien connu et documenté. Les publications abondent dans ce sens. En effet, l’apport en acide folique avant la conception et pendant les premiers stades de la grossesse joue un rôle dans la prévention des anomalies du tube neural. Il a été démontré qu’il pouvait également prévenir d’autres anomalies congénitales.

Les anomalies du tube neural (ATN) sont des anomalies congénitales liées à un défaut de fermeture du tube neural, à son extrémité supérieure ou inférieure ; survenant au cours de la 3ème ou de la 4ème semaine après la conception (du 26ème au 28ème jour). Leur incidence et leur risque de récurrence est difficile à évaluer de façon précise ; les études rendent compte d’une grande variation d’un pays à l’autre et même d’une région à l’autre dans un même pays (exemple : une incidence plus élevée est notifiée dans l’Est du Canada que dans l’Ouest). De plus, l’origine ethnique semble intervenir : les Galloises, les Sikhs et les Chinoises (de la Chine septentrionale) présenteraient un risque accru de donner naissance à un enfant présentant une ATN.

A travers les données disponibles, dont les plus nombreuses ont été réalisées au Canada, il ressort que les besoins en folates ont été fixés en s’appuyant surtout sur la quantité d’équivalents de folate alimentaire (EFA) nécessaire pour maintenir une concentration normale de globules rouges. Chez les femmes en âge de procréer, l’apport nutritionnel recommandé (ANR) a été fixé, au Canada, à 400 μg. Ainsi, l’équipe de Van Allen et McCourt, en 2002 a préconisé de recommander à toutes les femmes en âge de procréer “en plus de l’apport de folate alimentaire de prendre chaque jour une multivitamine contenant 400 μg (0,4 mg) d’acide folique afin de réduire le risque d’anomalies du tube neural”. En effet, les besoins en folates augmentent pendant la grossesse du fait d’une accélération importante de la division cellulaire et de la production de globules rouges liée à l’augmentation de taille de l’utérus, au développement du placenta, au volume sanguin maternel et à la taille du fœtus. 600 mcg d’EFA par jour sont nécessaires pour maintenir un taux de folates normal pendant la grossesse. Un travail récent de grande envergure, mené auprès 247 831 participantes pour un projet éventuel d’intervention communautaire en Chine (1993-1995) pour prévenir les malformations du tube neural, a tenté d’évaluer le lien entre les concentrations de folates sanguins au moment de la fermeture du tube neural (c’est- dire au 28ème jour embryonnaire) et le risque de malformations du tube neural. Les résultats analysés ont été comparés avec ceux observés dans la population irlandaise qui ont été rapportés par Daly et coll. Toutes ces femmes ont été supplémentées en acide folique (400 μg / jour). Des concentrations intra-érythrocytaires en folates suffisantes permettaient d’éviter l’apparition d’ATN. A titre comparatif par exemple : 25,4 anomalies du tube neural pour 10 000 naissances ont été observés après une prise de 500 nmol /l de folates intraérythrocytaires (95% intervalle d’incertitude de 20,8 à 31,2) contre 6 anomalies du tube neural pour 10 000 naissances pour une prise de 1180 nmol /l (1050-1340). Le risque diminue donc à mesure que la concentration érythrocytaire en folates (RBC) dans le sang augmente. “Cette relation dose-réponse modélisée était conforme à la littérature existante”, ont estimé les auteurs. Ainsi aux États-Unis, où des travaux ont été conduits avant et après la mise en place d’un programme de supplémentation des aliments en acide folique, la prévalence des anomalies du tube neural s’est révélée significativement réduite après supplémentation.

A la lumière de ces données, les différents auteurs ont conclu sur l’importance de définir une concentration de folates intraérythrocytaire “optimale” pour la prévention des anomalies du tube neural qui se situe autour de 1000 nmol/L. En effet, il ressort que le risque d’ATN est élevé lorsque les concentrations érythrocytaires en folates dans le sang sont basses, de l’ordre de 500 nmol/L. Ils ont préconisé une période de 6 semaines pour permettre à l’organisme de constituer une réserve suffisante en acide folique : Ainsi, pour passer de 668 nmoL/L à 906 nmoL/L iL faut une suppLémentAtion de 400 μg/j dAcide folique pendant 4 à 6 semaines.

 

*crider Ks et coll. : Population red blood cell folate concentrations for prevention of neural tube defects: bayesian model. BMJ 2014;349:g4554.

Publication le 29 juillet 2014.

Espérance Médicale • Octobre/Novembre 2014 • Tome 21 • N° 204

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